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Pour l’aide aux médias

Le Courrier / Jeudi 7 octobre 2021 / Philippe Bach

https://lecourrier.ch/2021/10/07/pour-laide-aux-medias/

Le peuple se prononcera. Mercredi, le référendum lancé par la droite populiste contre le paquet visant à garantir une diversité des médias et voté en juin par les Chambres a été déposé. Muni de 113’000 signatures, soit plus du double nécessaire!

Le dispositif voulu par le législatif suisse développe le système d’aide indirecte, l’abaissement du prix facturé par La Poste pour la distribution des titres dans les boites aux lettres. En étendant sa portée, via une intégration de la distribution matinale des journaux. Ce qui représente déjà 120 millions de francs par an. Et en y ajoutant un soutien direct évalué à 30 millions de francs par an pour soutenir notamment la transition numérique des petits journaux comme Le Courrier.

Dans ce numéro, nous intégrons une annonce défendant ce dispositif. Un encart créé par le comité unitaire Liberté d’opinion, et porté par les deux associations faîtières des éditeurs suisses, dont Le Courrier est partie prenante.

Cette bataille va être rude pour au moins deux raisons. Tout d’abord, les arguments du comité référendaire sont profondément ancrés dans les esprits: une aide directe de l’État serait synonyme de contrôle du contenu. Comme si la publicité était neutre et sans impact sur le contenu des journaux. Et que l’actionnariat des grands groupes n’avait pas aussi un agenda idéologique. Il y a dix ans, cette position d’un État forcément orwellien était encore portée par les associations de journalistes qui oubliaient que d’autres pays comme la France ou l’Allemagne connaissent des dispositifs d’aide directe sans être automatiquement assimilables à la Corée du Nord.

Deuxième difficulté dans la campagne à venir: la portée du dispositif doit être clarifiée. Sinon, le risque est grand que les grands groupes mangent l’essentiel de l’aide et poussent sur le côté les petits journaux garants de cette diversité des opinions reconnue d’importance démocratique. En effet, la mutation numérique a déjà été largement menée par ces géants de l’industrie des médias. Ils voient d’un mauvais œil l’État donner un coup de pouce à des titres certes modestes, mais tout de même vus comme des concurrents.

Le problème est urgent: le rouleau compresseur de la concentration des médias est lancé à pleine vitesse. Sans un mécanisme régulateur digne de ce nom, l’uniformité nord-coréenne brandie par l’extrême droite sera celle de la pensée unique néolibérale et de la société du spectacle. Ce qui ne gêne manifestement pas ces milieux néoconservateurs qui ont lancé le référendum.

Lex Netflix: l’espoir renaît pour le cinéma suisse

Communiqué de presse de la part des associations de la branche du cinéma suisse

Lausanne, le 3 février 2021

La branche du cinéma suisse salue la décision de la commission de la science de l’éducation et de la culture du Conseil des États (CSEC-E), qui a réaffirmé hier le projet du Conseil Fédéral visant à soumettre les plateformes de streaming à une obligation d’investissement à hauteur de 4% de leurs recettes dans la production de séries et de films suisses. Ce faisant, elle s’oppose au Conseil National qui avait complètement vidé la loi de sa substance l’automne dernier, à une faible majorité.

Si vous réalisez des bénéfices en proposant des films en Suisse, vous devez investir dans la production du pays. Le principe fait désormais l’unanimité, l’obligation d’investissement s’étendra donc non seulement aux télévisions mais également aux plateformes de streaming ainsi qu’aux fenêtres publicitaires étrangères. La question principale à régler est celle du taux. Le Conseil Fédéral avait proposé un réinvestissement obligatoire de 4% des recettes brutes, ce qui n’est pas très élevé en comparaison internationale. En France par exemple, Netflix doit déjà réinjecter entre 20% et 25% de ses revenus dans la production de séries et de films français.

Il est réjouissant que la commission compétente de la chambre haute du Parlement reconnaisse l’importance de maintenir le taux à 4% au moins. « Avec 4%, l’incitation sera suffisamment forte pour que Netflix produise à elle seule de nouvelles séries suisses. Sans cela, la plateforme se contentera de compléter le financement de projets existants. Si nous voulons réellement dynamiser la capacité de la Suisse de produire des séries de qualité, concurrentielles sur le marché international, il faut adopter les 4%. » affirme Elena Tatti, productrice et coprésidente de l’AROPA Association Romande de la Production Audiovisuelle. « Les membres de la commission ont compris que la proposition du Conseil National de baisser le taux à 1% n’aide pas l’audiovisuel suisse et représente même dans certains cas un recul par rapport à la situation actuelle » ajoute Nicole Borgeat, réalisatrice et coprésidente de l’Antenne Romande de l’ARF Association Suisse des Scénaristes et Réalisateurs·trices de Films.

Le projet de loi passera devant le plénum du Conseil des États à la session du printemps, avant d’être renvoyée au Conseil National pour résoudre les divergences. La branche audiovisuelle suisse espère que la chambre basse reviendra sur sa position et se ralliera à la proposition du Conseil Fédéral pour que le cinéma suisse ne soit pas désavantagé.

« Si les pays voisins imposent des obligations d’investissement importantes, mais pas la Suisse, alors les cinéastes suisses sont désavantagés en matière de coproductions et sont parfois oubliés dès le début », s’inquiète Elena Pedrazzoli, productrice et coprésidente du GARP Groupe Auteur·e·s Réalisateurs·trices Producteurs·trices.

« Pour les séries en particulier, nous sommes dépendants des fonds internationaux – il n’y a pas assez d’argent dans le marché suisse actuellement pour produire une série sans passer par une coproduction internationale », ajoute Jean-Marc Fröhle, producteur et coprésident de IG Independent Swiss Film Producers.

« L’obligation d’investissement proposée par le Conseil fédéral nous aiderait à faire face à la concurrence internationale et à exporter davantage de productions », c’est la conviction de Heinz Dill, producteur et président du SFP Swiss Film Producers, « et cela sans argent des contribuables, mais grâce à une obligation d’investissement qui est la norme internationale ».

SFP Swiss Film Producers

ARF/FDS Association Suisse des Scénaristes et Réalisateurs·trices de Films

GARP Groupe Auteur·e·s Réalisateurs·trices Producteurs·trices

IG Independent Producers

GSFA Groupement Suisse du Film d’Animation

AROPA Association Romande de la Production Audiovisuelle